"The Goutte d'Or"

Publié le par Pascal

 L'Institut des Cultures d'Islam invite Martin Parr

u 6 avril au 2 juillet 2011

 

« A travers une découverte très « villageoise », entre Barbès et Château-Rouge, ce sont les grands clichés du quartier qui sont mis en valeur par l’artiste, mais aussi l’inédit et le secret. C’est aussi tant le patrimoine que les habitants que Martin Parr a découvert et reflète dans ses photographies. Ainsi, ces quatre dimensions, mises au service d’un quartier typique, unique et attachant, sont une grille de lecture précieuse, différente et vraie – surtout – face à tout ce que l’on peut entendre ou dire sur la Goutte d’Or.
« The Goutte d’Or ! » est une entité à elle toute seule : humaine et solidaire, riche et mystérieuse… 

 

Une résidence inédite…


Martin Parr n’est pas un spécialiste de l’Islam. Et c’est précisément ce qui a motivé Véronique Rieffel, directrice de l’Institut des Cultures d’Islam à lui proposer une résidence à la Goutte d’Or. Inviter ce photographe si talentueux, profondément intéressé par les questions sociales mais avec un regard légèrement décalé, à la fois empreint d’humour et d’humanité, c’est s’autoriser à porter un regard neuf sur un quartier et une population particulièrement stigmatisés.
Photographier la Goutte d’Or revêtait pour Martin Parr un double intérêt : celui de pouvoir s’immerger dans un quartier populaire où l’islam vit, sujet qu’il a peu abordé dans ses précédents projets photographiques, mais aussi et surtout de photographier des Français. Car si Martin Parr a rarement eu l’occasion de photographier en France, c’est moins par manque d’intérêt que pour des raisons liées au difficile rapport que les Français entretiennent avec leur image, où l’intrusion d’un photographe dans leur intimité
est souvent mal vécue. En Angleterre, le rapport à l’image est plus libéré. Pour Martin Parr, finalement «il y a plus de différence entre un Anglais et un Français qu’entre un Français musulman et un Français catholique, juif ou sans religion » !


Ce projet d'exposition avait séduit l’artiste par la richesse des approches possibles. Satisfait du nombre et de la qualité des rencontres qu'il a pu faire, Martin Parr ressort tout de même frustré de ne pas avoir pu saisir toutes ces scènes si inattendues.
Ayant préalablement été sollicités par une démarche de médiation, les prises de vues avec les poissonniers, bouchers, charcutiers et vendeurs de fruits et légumes, ont été relativement aisées.
Pour d’autres, particuliers, hommes ou femmes, jeunes ou anciens, il a fallu rassurer, expliquer, convaincre. La Goutte d’Or alimentant régulièrement les rubriques faits divers des médias, la peur était la première réaction naturelle. Une fois le projet clairement exposé, certaines réticences se sont dissipées.


… Sans complexes et sans prise de position


L’exposition « The Goutte d’Or ! – L’Institut des Cultures d’Islam invite Martin Parr » se fait l’écho de cette immersion dans un quartier finalement assez méconnu. L’œil malicieux de Mister Parr vient croquer ce quotidien à la fois banal et insolite, sa malice dédramatise, son art interpelle avec tendresse, le tout relevé d’une pointe d’autodérision « so british ».


Un islam quotidien, familier, presque villageois, celui de la majorité silencieuse que l’on montre rarement dans les médias… car la Goutte d’or est aussi un quartier riche de nombreux commerces, parfois nichés dans des endroits inattendus, héritier d’un patrimoine culturel : du charcutier posant devant sa tirelire-cochon aux pratiques ferventes de la foi, d’une collection de théières bariolées délicieusement kitsch à l’art de la « sape » (la mode du dandysme tropical). La vie – bariolée peut-être mais surtout riche – des habitants du quartier se retrouve sublimée dans l’objectif de Martin Parr, révélant sa beauté dans le détail.


Et même quand, au cœur de la prière du vendredi, Martin Parr photographie les fidèles dans la rue – dont les images ont abondé dans les médias – il dépasse son sujet. Il franchit la porte de la mosquée du quartier et découvre « de l’intérieur une mosquée
dans un pays non musulman », lui qui ne connaissait « les mosquées que comme touriste à Istanbul, où l’on ne peut visiter les lieux de cultes qu’en dehors des heures de prières ». Le résultat est déroutant, frôlant le documentaire… Bien loin en tout cas de

ce que chacun se représente de l’artiste… et des polémiques liées à la prière dans la rue. » 

Publié dans Actualités

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